Un dimanche d'été

"Où est ma Flore? As-tu vu ma Flore?" Un éclair blond, une robe bleue,des espadrilles, Maman descend les escaliers ensoleillés et rentre dans le salon ombré en coup de vent. Moi, j'ai enfin réussi à récupérer le fauteuil le plus confortable , j'ai le nez dans un livre…"Allons bon où est cette Flore?" C'est qu'entre le déjeuner pour quinze et le dîner pour dix huit, une lessive, le gouter des petits, la leçon des grands et trois bobos, elle n'aura sûrement pas le temps, et puis elle oubliera, ou il sera perdu, fané, sans nom ni classification, ce drôle de pavot jaune, cette orchidée en forme d'araignée, ce pois de senteur fragrant…Monocotylédone, dicotylédone, court toujours, ce sera fichu! "Mais où est donc ma petite Flore?" On dirait qu'elle cherche un enfant de plus: mais non, c'est un livre, et bon courage, dans cette maison de lecteurs, il s'est évaporé . Elle le retrouvera sous une des piles qui ont leur vie propre et naviguent d'une chambre à l'autre, rangé à l'envers dans une des bibliothèques, ou sous un ouvrage, que sais-je. Elle cherche, un brin agacée. Je sens que je ne tiendrais pas le fauteuil longtemps …Tiens qu'est ce que tu fais la, sors-donc, il fait beau dehors, va te promener! Trop tard. Je prends mon livre, je lirais sur la pelouse.

Je tiens de ma mère cette habitude qui agace un peu ceux qui ne sont pas curieux.
À chaque plante un nom, au sol sa composition chimique, aux arches leur petit nom, romane ou gothique, corinthienne ou asthmatique?

On se retrouve et on se reconnait dans le paysage, même au bout du monde on retrouve un ami : un brin de valériane, un oeillet sauvage. Et on en découvre d'autre : California poppy, milkweed, manzanitas...


Si je ne sais pas encore tous les noms de rue dans mon quartier, je me repère déjà aux arbres : jacaranda, magnolia, et...ho non, ce fichu persistant à feuilles lancéolées dont je n'ai toujours pas trouvé le nom...Où est ma Flore?