Survivre à l'hiver

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“It’s not the cold, it’s the gloom”

M’explique un ami Irlandais, alors que nous discutons de l’hiver à Dublin. Le gloom, c’est à la fois le manque de lumière et la morosité qui l’accompagne.

Aujourd’hui on va s’occuper de la lumière, c’est la vie de la maison, et un des éléments majeurs du bon moral en hiver.

Quand je parle avec mes amis de la déprime d’hiver, une chose bien réelle et qui peut dégénérer en dépression, je fais toujours la même découverte. Chez ceux qui s’en plaignent, c’est très sombre. C’est pas seulement un problème de fenêtres : nous sommes habitués aux “lumières d’ambiance” et aux plafonniers, et en fait c’est pas terrible. Les premières sont trop faibles, et les derniers, terriblement mal placés. Un plafonnier projette de grandes ombres, ça n’éclaire pas bien. En éclairage, ça s’appelle une “douche”, ça veut tout dire! Chez moi, j’ai gardé les plafonniers, mais j’ai mis des ampoules assez fortes dedans. Je ne me sers de ces lampes que pour faire le ménage ou ranger le soir. Les seuls endroits où la lumière verticale est agréable, c’est au dessus de la table du diner et dans la cuisine : une assiette, c’est plat, un verre, c’est transparent, une lumière verticale c’est pas trop gênant et on voit bien ce qu’on fait.
Quant aux lumières d’ambiance, je les ai toutes remplacées par des lumières plus fortes. Les ampoules LED consomment nettement moins que les anciennes ampoules, on peut se le permettre.

Sur mon bureau, mon ampoule de 9W qui donne la lumière d’une 90W incandescente consomme donc dix fois moins. Ici en Irlande ça veut dire qu’au lieu de couter 10.8 centimes d’euro par heures ça coute à peu près un centime par heure, soit 15 euros par an au lieu de 162 ( en considérant que mon provider me charge 20 centimes par KW et que j’utilise mes lampes 5h par jour 300 jours par an à peu près). A 15 euros par an, je me dis que travailler sans user mes yeux et être de meilleure humeur vaut vraiment le coup.

J’ai repensé l’éclairage dans toute la maison pour résister à l’hiver.

J’éclaire les endroits qui en ont besoin:

Pour travailler :

j’ai deux lampes sur mon bureau. D’abord une lampe d’architecte à gauche pour écrire et dessiner, l’ombre n’est pas sur mon dessin. Et une à droite, un peu moins forte, pour casser les ombres, et éclairer mon plan de travail quand je travaille avec mes deux mains. Il y a des bonnes lampes de travail sur tous les bureaux dans la maison.

Placer les lampes:

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Dans une piece, je place les lumières en triangle, un peu comme pour une scène au cinema. Ça fait une lumière équilibrée et plaisante. Une ou deux lumières fortes ( ca peut être des appliques au mur), et une lumière plus douce, à l’opposé des deux autres, pour créer un contrepoint.
C’est facile : on pose deux lampes autour des points les plus importants de la pièce (le lit, un bureau, un fauteuil) et paf une à l’opposé, placée de telle sorte qu’on ne l’a pas dans la figure.
La piece devient tout de suite plus accueillante, et c’est impressionant, c’est le truc de deco le plus facile du monde. Même mon chantier devient #momochedeco. Géant.

Eclairer là où j’en ai besoin:

J’ai installé une lampe sur tous les bureaux, une près des fauteuils pour lire, et au besoin, une lampe baladeuse. J’ai acheté une lampe qui se recharge chez le géant Suédois, qui me permet de tricoter un peu n’importe où, et de me promener quand je me relève la nuit pour jouer avec le chat. Je garde cette lampe chargée, en cas de panne d’électricité, une habitude prise en Californie où les coupures sont fréquentes.

C’est pas du luxe:

Sans trop y prêter attention, je pensais qu’une lampe c’est un luxe. C’est vrai que j’ai acheté à bon prix une très belle lampe de bureau, un bel objet qui va durer deux vies, au moins. Mais pendant certaines périodes de l’année comme la rentrée des classes, et les périodes où l’ameublement est en solde, on peut trouver des lampes vraiment pas chères. J’ai acheté, au fil des mois, sur mon petit budget, plusieurs lampes à 10 ou 20€. La maison est à peu près bien éclairée maintenant, c’est très agréable. Ça coute beaucoup moins qu’un psy ou que de changer de lunettes : une mauvaise lumière abime les yeux et le moral. Si la déprime survit à la lumière, il faut consulter hein?

Lumière blanche, lumière jaune

En travaillant sur des films, j’ai appris l’importance de connaitre les couleurs de lumière. Les ampoules vont maintenant du jaune orangé, aux alentours de 2700 k (kelvins) au bleu froid (6500K) qui est une lumière de jour intense. Nous sommes habitué à avoir des lumières électriques faibles et très jaunes. C’est chaleureux, mais tout devient orange, et pour travailler et vivre ce n’est pas forcément bon : on réagit mieux à des lumières plus proches de la lumière diurne, qui est blanche ou bleutée en milieu de journée. Je garde les lumières jaunes pour la fin de soirée, pour m’endormir. Une lampe de chevet jaune, c’est très bien. Il y a meme des apps pour faire jaunir les écrans, de l’ordinateur au téléphone, en fin de journée, pour prédisposer au sommeil, épatant. À quatre heure de l’après midi par contre, quand il fait sombre et que j’ai encore des heures de travail devant moi, la lumière jaune me déprime et m’empêche de reconnaitre les couleurs:

Les couleurs de lumière


J’ai regardé le wattage maximum de chacune de mes lampes. Il y a souvent un sticker ou une étiquette pour l’indiquer, et si la lampe est neuve on regarde en ligne. J’ai mis un wattage équivalent dans toutes les lampes de travail, et toutes les lampes principales. La première fois que j’ai allumé, c’était éblouissant, mais je me suis habituée en quelques minutes. Je m’étonne même d’avoir vécu aussi longtemps dans le noir.

Pour la couleur de lumière, j’ai mis des ampoules LED très blanches (plutôt 5500K que 6500K) sur mes tables de travail : ça me permet de peindre ou de coudre le soir en voyant bien les couleurs. J’ai mis des ampoules blanc moyen, vers 4000k, partout ailleurs où on a besoin de lumière forte, et pour les lumières d’appoint, celles du bout du triangle, souvent du jaune parce que c’est joli.
J’ai une règle très simple : je laisse en jaune les lumières de veillée, celle dont on a besoin avant de s’endormir, comme un joli coin du feu.Le reste doit être repensé.
Sans aller jusqu’à une lampe UV pour les cas de dépression saisonnière extrême, une lampe blanche et vive va faire des merveilles pour remonter le moral. Ca marche en quelques jours, il faut être patient, mais ça marche.

J’ai trouvé des ampoules LED qui changent de couleurs à la demande, du blanc au jaune, pour tous les endroits où j’ai envie de changer selon l’humeur, mais bon ça c’est moi, j’aime bien pouvoir changer d’avis!

La maison est bien éclairée, et c’est étonnant comme c’est confortable.

MAIS AUSSI:

Pour des solutions avec un poids carbone moins important, j’ai aussi : mis de coté les rideaux trop épais qui tuent la lumière même ouverts en barrant les cotés des fenêtres, mis des voilage seulement là où c’est vraiment nécessaire, et des voilages qui ne cachent pas trop la lumière, qui s’arrêtent à mi fenêtre. J’ai choisi des ampoules LED plus chères mais qui économisent l’énergie. On peut aussi rajouter des miroirs pour faire rebondir la lumière, ça éclaire et ça agrandit une pièce. C’est une solution couteuse mais ça marche bien. Pour bien profiter de la lumière du jour, je me lève aussi plus tot le week-end en hiver, et si je peux je vais faire mes courses en plein jour ou marcher un peu pendant l’heure du déjeuner.

Pour éviter la pollution lumineuse qui n’est pas bonne pour les animaux sauvages, et faire des économies d’énergie, j’éteins tout dès que je quitte une pièce.

Une bonne lumière fait une difference énorme. Fiat lux!